Nous sommes un couple franco-allemand, lié depuis longtemps à la biodynamie et l’anthroposophie.

Traductions de textes biodynamiques et anthroposophiques

Courage - sixième partie

Photo JOHANNES ONNEKEN

Photo JOHANNES ONNEKEN

Extraits de livres et de conférences de la Dr. med. Michaela Glöckler

en allemand dans: https://www.anthroposophie-lebensnah.de/lebensthemen/mut/ueber-ursprung-und-notwendigkeit-von-mut/

Courage et humilité

Dans quelle mesure la légende de Siegfried est-elle un récit sur la nature du Moi de l'homme ?

Quel est le lien entre le courage et l'humilité ?

  • Des récits sur le Moi courageux transmis à travers le monde entier

Non seulement dans les Évangiles, mais aussi dans presque tous les documents importants de la sagesse populaire, dans les contes et les mythes, dans les légendes germaniques des dieux et des héros ou dans l'Edda, on trouve, sous la forme du fils du roi ou du héros, la qualité du Moi représentée comme une capacité de courage qui permet de faire face à toutes les horreurs et de «traverser les enfers». En fin de compte, ces mythes transmettent le message selon lequel le moi courageux a le droit, la possibilité et le devoir de se réaliser sur terre.

Dans l'espace culturel de l'Europe centrale, nous trouvons l'archétype du courage personnifié dans la légende de Siegfried, qui résume très bien la notion de Moi ou de courage décrite ci-dessus. Siegfried est représenté comme l'incarnation du héros germanique, qui a même réussi à tuer un dragon.

  • Le chemin de Siegfried vers son autonomisation

Siegfried, qui n'a connu ni père ni mère, a grandi dans la forêt avec des nains et des animaux. Il n'y avait personne pour lui interdire des choses par peur qu'il lui arrive quelque chose. En ce qui concerne son éducation, il était entièrement livré à lui-même. Cette circonstance résume dans une image mythologique le principe en vigueur aujourd'hui selon lequel on doit tout s'approprier soi-même, même si on reçoit quelque chose en cadeau ou si on en hérite. Goethe formule ce principe avec les célèbres mots qu'il fait dire à Faust : «Ce que tu as hérité de tes pères, acquiers-le pour le posséder».

C'est ainsi que Siegfried grandit sans peur et proche de la nature, qu'il comprit le langage des oiseaux et qu'il devint de plus en plus courageux et fort comme une force élémentaire originelle. Il chassa des animaux sauvages et ramena même des ours à la maison - au grand effroi du nain dans la grotte duquel il vivait.

Finalement, Siegfried retrouva l'épée brisée de son père, qui s'était cassé lors de son combat contre le dieu Wotan. Car son père n'avait pas eu la force d'affronter en liberté son être créateur, la divinité. La légende disait que seul un héros qui n'avait pas peur serait en mesure de reforger cette épée brisée. De nombreux hommes avaient déjà essayé, mais elle s'était toujours brisée. Siegfried eut alors l'idée géniale de râper les morceaux d'épée dans leurs plus fines composantes, de les fondre ensuite et de forger finalement une nouvelle épée, la sienne, à partir de la substance «offerte» de l'ancienne.

  • Image vraie de la nature du Moi

On ne peut guère mieux décrire le mystère de la nature du Moi humain : Nous, les êtres humains, nous naissons, nous sommes quasiment créés par Dieu ou par l'évolution et nous grandissons en vertu de ce cadeau de la création jusqu'à ce que nous soyons un jour livrés à nous-mêmes.

Mais nous ne sommes véritablement autonomes que lorsque nous acquérons tout ce que la vie nous a offert jusqu'à présent par notre propre intérêt, notre propre amour et un véritable engagement. Sinon, nous ne sommes pas vraiment autonomes, nous ne sommes pas tout à fait nous-mêmes. Chaque être humain mûrissant doit forger à nouveau l'épée des valeurs traditionnelles de sa propre initiative. Et presque tout le monde a déjà fait l'expérience de la briser et de devoir tout recommencer.

De ce point de vue, la légende de Siegfried et de l'épée de son père est une métaphore de notre nature du Moi, qui doit trouver en elle-même le courage de faire l'expérience humaine du «mourir et devenir».

  • L'humilité comme courage dans l'imperfection

La capacité à être humble est directement liée au degré de courage que l'on a déjà atteint. Chez un enfant, nous pouvons encore ressentir l'humilité comme une capacité inconsciente, par exemple lorsqu'il est assis avec dévotion devant le sapin de Noël. Mais pour se tenir humblement devant une vérité, un fait de la vie ou même devant Dieu à l'âge adulte, il faut une toute autre force, qui demande également du courage : Il faut apprendre à transformer la peur de la vérité et aussi de Dieu en une véritable «crainte de Dieu». Cela n'est possible que par l'humilité.

Aujourd'hui, beaucoup de gens ont peur du monde spirituel. On ressent si fortement sa propre imperfection morale que l'idée même de devoir regarder un être parfait dans les yeux est insupportable. Cela vaut aussi pour les humains entre eux : comme il est difficile de reconnaître honnêtement un autre qui est plus développé que soi ! Comme il est facile de trouver quelque chose à critiquer pour pouvoir s'en distancer. Nos relations seraient différentes si nous étions plus humbles. Le fait que nous nous prenions nous-mêmes comme critère de jugement des autres est un indicateur de notre manque de courage : car il faut du courage et de l'assurance pour ne pas se sentir petit et insignifiant face à plus grand que soi.

Une expression contemporaine du courage pourrait être d'assumer son imperfection, car on sait que le Moi est quelque chose en devenir, qui doit encore se créer et qu'il ne doit pas avoir honte de ne pas avoir encore déployé toute sa force et sa puissance. Supporter sa propre imperfection demande du courage.

C'est pourquoi l'une des manières d'aider les personnes découragées consiste à leur témoigner de l'amour et de la confiance et à renforcer ainsi leur estime de soi et leur confiance en eux. Un enfant est encouragé par l'appel de son nom ou de manière non verbale par l'attention qu'il reçoit lors des soins ou par la simple présence d'une personne qui s'occupe de lui. Entre adultes, dans une relation sincère, les deux, ce qui est apprécié et ce qui pose problème, doivent être abordés ouvertement si l'on veut se rencontrer au niveau du Moi.

 

Traduit de l'allemand par Rudolf Tille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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