Quelques particularités de la formation d'organes de perception spirituelle

Esquisses de Fabian Roschka

La recherche anthroposophique repose sur le développement d’organes de perception psycho-spirituels. Ils permettent d’élargir l’horizon de l’expérience au domaine suprasensible et créent ainsi la possibilité d’une science de l’esprit.

La recherche anthroposophique repose sur le développement d'organes de perception psycho-spirituels [âme-esprit]. Ils permettent d'élargir l'horizon de l'expérience à la dimension psycho-spirituelle [âme-esprit] du monde et fondent ainsi les possibilités d'une science de l'esprit.

Quelques illusions à surmonter

Lorsque nous parlons des organes de perception spirituelle, il est important de surmonter certaines des idées fausses qui se forment naturellement. Étant donné que nous sommes habitués à la perception du monde sensoriel, nous nous représentons la perception mentale de manière similaire à la perception sensorielle. Nous imaginons qu'un nouveau monde 'objectif', aux caractéristiques comparables à celles du monde sensible, doit apparaître devant l'œil de l'esprit. Cette idée est trompeuse, car la perception spirituelle est beaucoup plus subtile que le monde des objets extérieurs et possède des caractéristiques très différentes. Bien qu'elle ait un caractère objectif, elle résulte de l'activité interne du chercheur ; elle est le résultat d'une activité créative du sujet, une activité que l'on peut qualifier de 'participative'. Le sujet 'participe' consciemment à sa création. En revanche, les perceptions sensorielles ordinaires sont produites par des organes déjà formés, de sorte qu'elles nous apparaissent d'emblée objectives, sans qu'une activité particulière du sujet soit nécessaire. Cette différence a pour conséquence que les perceptions spirituelles, même si elles sont déjà présentes, passent facilement inaperçues et ne sont souvent pas reconnues en tant que telles. Car on s'attend à ce que les perceptions spirituelles s'imposent comme des perceptions sensorielles. Or, ces perceptions sont de nature 'subjective-objective', car elles dépassent la séparation sujet-objet de la conscience ordinaire. Elles sont pour ainsi dire le résultat d'une participation du sujet à l'objet qui retient son attention et réunissent ainsi deux côtés de la réalité qui sont normalement séparés.

Influencés par la manière dont nous vivons les perceptions sensorielles ordinaires, nous nous attendons également à ce que les perceptions spirituelles soient immédiatement fiables et sûres, ce qui n'est pas le cas. Les perceptions produites par ces organes de l'âme et de l'esprit peuvent également être trompeuses, incomplètes ou déformées. Ici, le degré d'expérience et de maturité du chercheur ou de la chercheuse joue un rôle important, mais personne n'est à l'abri d'erreurs ou d'imperfections. Aussi, la perception spirituelle ne fournit qu'un certain point de vue sur un phénomène et une erreur peut éventuellement se situer non pas dans la perception elle-même, mais dans son interprétation. Il faut donc être conscient que les découvertes transmises par d'autres chercheurs, même si elles proviennent de personnes très expérimentées - comme Rudolf Steiner -, doivent être soumises à un examen de plus ample envergure afin de déterminer le contexte, la perspective et l'étendue de leur validité.

De plus, les perceptions spirituelles doivent être interprétées, conceptualisées et formulées de manière compréhensible. Il est tout à fait possible d'avoir des perceptions sans pouvoir les conceptualiser ou les formuler. Parfois, l'interprétation est imparfaite alors que la perception est pertinente. Dans d'autres cas, c'est la formulation qui devient difficile. Tout cela doit être pris en compte lorsque l'on observe le champ thématique des organes de perception spirituelle. Nous souhaitons nous focaliser ici sur cette question, car nous estimons que les perceptions spirituelles sont beaucoup plus répandues qu'on ne le pense généralement, mais pas forcément parmi ceux qui prétendent avoir de telles perceptions. Ceux qui ont de telles perceptions n'en parlent généralement pas ouvertement et formulent leurs expériences sans s'attribuer de capacités particulières. L'abnégation est une caractéristique de la véritable quête spirituelle.

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